Ren Hang : la nudité ironique


A l’aide de simples indices - qui prennent soudain une valeur générale -  Ren Hang  reconstruit fantasmatiquement la découverte de la nudité. Faisant sienne la phrase de D.H. Lauwrence dans « L’amant de Lady Chatterley  « L’obscénité n’apparaît que si l’esprit méprise et craint le corps, si le corps hait l’esprit et lui résiste. », le photographe joue de divers accords et désaccords entre la réalité et le rêve dans un pays où les tabous se retrouvèrent (au moment de la période maoïste) plus enracinés qu’ailleurs. Mais chez lui le recours à la nudité n'est pas fait pour offrir une version postpop du fétichisme du corps.


Ce que l'artiste recherche est avant tout une économie symbolique et ironique venant casser les dures contingences morales de son pays dans un constructivisme figural des plus astucieux parfois drôle et violent mais souvent poétique et coloré. Armé d’un Minolta argentique, le photographe mit d’abord en scène les corps nus de ses amis. Inspiré sans doute par les maîtres du genre au pays voisin du soleil levant  (Takato Yamamoto, Nobuyoshi Araki)  Ren Hang crée un univers décalé et malicieux propre à détourner les interdits. Jamais pornographiques, les images cultivent un certain humour dans leur scénographie. Timide et discret peu à peu l’artiste rivalise avec des artistes internationaux issus de a scène chinoise tels que Ai Wei Wei et Shuji Terayam.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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