Véronique Hubert : sans concessions


 

Intriguée par les figures qui dérangent l'ordre tel qu'il a été imposé aux femmes dès leur enfance comme ordre naturel Véronique Hubert a été fascinée par les « sorcières » si fourbes, dangereuses au point de les brûler vives en place publique. Elle a donc imaginé, sans savoir que cela allait durer si longtemps, une fée réfractaire aux codes. Elle la grime parfois de peintures de guerres sur le visage. Cette « fée »  picole, se fracasse violemment contre les murs, s'habille de manière peu raffiné et reste toujours en colère afin de jouer le rôle de la maléfique ou de l’hystérique. Ses versions de la « fée » la transforment en filles ingérables et revêches aux lois des phallocrates ancestraux. C’est donc une figure de force, l'épiphanie d’une féminité qui échappe à la nuit.


Comme dans le mythe de Baubô elle peut être prise comme la mère mythique de toutes les strip-teaseuses. Elle est l'évidente contradiction en marche qui se faufile entre les désirs païens de participation charnelle, sensuelle, sexuelle, tellurienne, dionysiaque et panthéiste. Elle s’inscrit en faux contre l’exigence de spiritualité qui prive de sens toute attache avec le monde et qui, dans son inassouvissement certain, par les voies obscures de la culpabilité, continue de gouverner bien des femmes. Face à la tradition éthique occidentale Véronique Hubert invente divers types d’images qui sont autant passages à l'acte où le vague soulagement d'être passé à côté de la folie  permet à l’artiste femme l’occasion de témoigner de la puissance à être ce que les mâles lui ont refusé. Véronique Hubert sans concession.

Aux mots se substitue la chair là. Le monde se vide du mâle là où la créatrice reste en posture de Baubô face aux bobos pour déplacer le temps qui fixe encore la femme dans un passé jamais passé et un présent sans présent.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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