Les œuvres de Barbara Navi sont d'étranges romances sans paroles. La réalité en disparaît pour mieux jaillir dans un paradoxal déchiffrement du monde. Il s'agit d'une conversion, d'un renversement des images en un "métier d'ignorance".  Dans la fluidité du langage plastique les formes s'engendrent les unes les autres pour faire passer d'un état dans un autre. Le langage pictural continue la recherche d'une vérité sans quoi l'art n'est rien.

Cultivant ce qui déroute Barbara Navi ouvre un monde. Il ne se laisse pas saisir d'emblée. Le tout à partir d'une matrice initiale. Dans des jeux d'ombres il existe parfois des transmissions d'un noir étrange qui arrache l'œuvre à une simple narration. L'artiste ramène ainsi la question insoluble du sens  de l'image là où quelque chose travaille et rampe encore dans le silence entre lumière et effacement. une fois que sont abandonnées les illusions dérisoires de la  nostalgie (qui est tournée vers l'arrière en d'infinis adieux).

L'œuvre représente la rencontre instinctive, émotionnelle avec la poésie qui déplace les repères afin de toucher des vérités sourdes, primaires ou plutôt fondamentales. L'artiste se situe à la fois dans et en dehors du réel ou à son  extrême pointe en une sorte d'austérité  et de haute exigence. Existe une quête de dépouillement et d'ouverture dans l'incessant travail vers la lumière vers le secret d’une rencontre.

Jean-Paul Gavard-Perret