Pionnier d’un monde ouvert Sage Sohier photographie les couples homosexuels masculins, féminins ou trans depuis des décennies. Qu’ils acceptent de poser dans leur vie quotidienne ou à l’occasion de cérémonies c’est pour l’artiste un moyen de défendre les différences par rapport aux « modèles ». Le photographe refuse de zapper l’émancipation. Il ouvre les grilles de lecture admise des organisations traditionnelles. C’est maintenant chose admise mais il fut un des premiers dans cette lutte.

 

 

Chez lui passage de l’hétéro à l’homonymie se fait tout naturellement par un système de passions concrétisé dans son système d’images  dégagé de toute référence moralisatrice comme de tout exhibitionnisme. Il s’agissait d’abord de créer une école de témérité douce encline à une vue du réel plus apaisé. Dès ses premières photos Sage Sohier signifiait la présence d’un univers encore à l’état naissant par une suite d’instants de vie qui ne pouvaient plus être considérés comme des « accidents de parcours ». En ce but

, la photographie n’est ni mystérieuse, ni secrète : elle témoigne pour dépasser le passé. Sage Sohier fait dériver l'obscur vers la lumière. Il fait accepter au monde l’altérité du même. L’œuvre reste majeure en poussant insensiblement vers un sentiment océanique de la vie.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sage Sohier, "At home with Themselves", Spotted Books, USA.