D’entre les rues : Zalez

 

 


 

Les femmes de Zalez sont  bétons et calcaires : elles pendent sur les murs  à la manière de "stalag-mythes" soumis à la force d’érosion. Une fois peintes  lentement le temps les sculpte  en précipitant, au sens chimique du terme, les fruits du travail premier. La belle violence de l’incarnation du graffiti s’étiole peu à peu tout en créant une poétique de la ruine que la jeunesse des corps dément.

 

Chaque égérie crache son délicieux venin et sa  morgue, elle se lève lentement, impose son imposture à celle des rues. Eros prend possession des murs. Le lustre d’autrefois et en décrépitude est remplacé par le sien. Si bien que  les emprunteurs des rues  prennent la place de leurs anciens pensionnaires. Qu’importe si des gouttes glissent sur de tels corps nus,  ils renversent les bruits de la ville par leur musique plastique. Le pochoir du street-art réveille les vivants et les  morts  et gavanise les murs.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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