Albert Watson : Viva Las Vegas ou l’inconnue dans la maison

 

 

Albert Watson aime les histoires de femmes. D’hommes aussi. Et tout le quotidien qui stratifie le monde, non dans la grande histoire mais dans les bas fonds des villes. Il recueille en chaque prise une « perle » - mais de culture : dans « Las Vegas » cela crée un collier. L’artiste observe, collecte, fixe des mondes hybrides. Il n’enjolive pas. De Las Vegas il ne retient pas les palaces mais les motels de passe (même si sur ce plan les premiers n’ont rien à leur envier aux seconds). Toutefois on est loin du rêve même si des filles invitent leurs clients à le partager moyennant finance.

 

L’espace est délibérément cru. Néanmoins hanté par Albert Watson il acquiert une troublante souveraineté. L'artiste oriente la manière de voir, les façons de transgresser des secrets (qui ne sont pas les bons). Le travail  porte sur la question du lieu et de l’intimité. Mais les deux restent cachés. Dans ses frottements temporels et géographiques, l’histoire de l'œuvre devient l'histoire d'une accession à soi par l'intermédiaire de l'autre. La dimension poétique prend un sens particulier. Suivre à la trace les autres, retrouver les tréfonds troubles d’un lieu revient pour Albert Watson à en savoir plus sur la traversée du désir.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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1 commentaire

Dominique Deville

Sacré JPGP qui sait emperler les beaux secrets d'un artiste super doué !