Gordon Hart entre ténèbres et éther

 

Gordon Hart est né  à Glasgow. Après avoir étudié à la Central School of Art de Londres il quitte l’Europe pour intégrer la Brooklyn Museum Art School, à New-York. Il croise  les grands artistes de l'époque, d'Andy Warhol à Jason Pollock et trouve le langage qu’il ne cesse d’affiner afin que surgissent des images « sourdes » mais étincelantes. Puis il revient en Europe et s’installe à Lyon où il vit toujours. De tous les peintres américains et anglais  qui composent la mouvance abstraite,  il reste le plus méconnu.

Son tachisme noir sur blanc émerge du chaos tout en le soulignant. Gordon  ne l’élargit pas. Mais ne le réduit pas non plus. Sur la surface les agglutinements et la texture des taches laissent place à la béance d’espace vierge. Existent d’étranges mixions et grappes qui sont autant et pour reprendre des mots de Beckett des « foirades » et des « sarabandes ». Les taches ressemble à des haillons sans personne dedans. Elles répondent à ce que Valère Novarina demande (ironiquement) à l’art  « pas de l’être, juste des vêtements ».  

Discontinuité, éboulis, interférences deviennent,  plus que des corpus de reliques étranges, des formes hallucinées et grouillantes. Une telle œuvre en appelle à l’émotion : nul besoins de code ou de codex pour monter dans son « carrousel ».  Chaque morceau est mise en tropes : Hart ne cherche pas à en boucher les trous. Au besoin même il les élargit pour donner à chacune de ses œuvres une sorte de transparence et de la transe lucidité dans la déclinaison des gris. C’est l’expédient ni des enfers ni des paradis mais d’un territoire des limbes selon des martingales sauvages.


Jean-Paul Gavard-Perret


Gordon Hart, « Back to Black » , Galerie Mottet – Post War et Contemporain, Rue Croix d’Or, Chamébéry, novembre décembre 2015, janvier 2016.

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