Eva Weiss : les baisers



Dans sa série « Split Bitches »  Eva Weiss  crée des cérémonies secrètes : elles pourraient être délétères mais ne le sont en rien. Au-delà de la nostalgie et des regrets les femmes « mures »  retrouvent une certaine impudeur. Mais juste ce qu’il faut : l’artiste américaine n’a pas le gout pour les blagues visuelles obscènes.

Le soleil entre dans des intérieurs avec des amies proches. Mais tout reste de l’ordre de l’élégance et de la suggestion. La perception devient le rêve au moment où l'ici-même s'éteint au profit d’un lointain. Eva Weiss rappelle qu’il faut jouir de ne pas savoir ce qui nous attend et de l'incertitude. D’autant que chez elle les amantes sont coupées du monde et elles se rêvent comme elles espèrent  vivre  : telles que le reste d’une peuplade perdue dans le temps lui-même. 

Bien plus encore qu’au sein de l’espace c’est en effet  dans le temps que les amantes doivent être désemparées et « achevées » au cœur de l’amour qu’elles se portent. Il leur faut sortir de la chronologie afin d’atteindre un « temps pur » qui n’appartiendrait qu’à elles. Un temps sans conscience, un temps des premiers êtres.  L’amour  devient donc  le philtre mystérieux qui unit. Mais qui  parfois  sépare lorsque l’autre n’est pas au rendez-vous.

Jean-Paul Gavard-Perret


evaweissphotography.com


Nom des modèles : en haut  ("The Kiss/ Butch-Femme") Lois Weaver & Peggy Shaw. Idem pour "Dress Suits to Hire" (diptyque). En bas Diane Jeep Ries.





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