Tokyo Rumando : exercices de liberté









Après avoir été modèle pendant de nombreuses années Tokyo Rumando est passée derrière l’appareil photographique. Elle se saisit de manière spontanée - tout en se servant de son ancienne expérience de mannequin ou de femme objet. Renversant les données du « problème », elle considère la photographie comme une manière de créer des autoportraits de sa nudité. Dès sa série “Orphee,” elle se dénudait devant un grand miroir circulaire pour se confronter à ses souvenirs, ses peurs, ses désirs reflétés par effet de surface.


Tokyo Rumando utilise le miroir comme une sorte de frontière qui permet de transgresser passé, présent et futur. Surgissent des femmes qui sont ni tout à fait les mêmes ni tout à fait différentes puisqu’il s’agit toujours de l’artiste. Elle change d’apparences pour  questionner sa « persona »  si bien que les ressemblances comme les dissemblances se brouillent.

 

Originellement intitulée « Projection : Introduction », toutes les séries permettent à l’artiste de se reproduire pour « être » : « Je suis seulement heureuse lorsque je suis nue » affirme la créatrice. Mais au-delà de l’exhibition les self-portraits trouvent désormais une suite face à des miroirs d’hôtels afin de combiner réalité et fiction. Impossible de  ne pas découvrir au coeur même du silence de l’image une manière presque abstraite et envoûtante de faire surgir du plus profond silence non le corps mais son essence.


Celle qui ne connaît pas d'autre grâce que celle d'être nue, crée une genèse. Il ne faut pas, en conséquence, tirer l'oeuvre du côté de la vie mais de l’art, le « vrai ». Il déplace avec la Japonaise la simple exhibition de la nudité. Son œuvre est capable d'exprimer ce que l'être possède de plus vrai en se dégageant de la simple habileté et brillance.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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