Elisa Rafaël : La poésie est dans le détail

 


 

 

L’impossible de l’image et de l’écriture ne cesse d’être atteint par l’énigmatique Elisa Rafaël. Son art met les apparences en porte à faux de manière discrète. Et les textes, afin de proposer des lectures de rêve s’effacent. Surgit un monde étrange où tout ce qui est en partance semble - dans le même temps - déjà revenu. Fin et commencement, dehors et dedans coexistent, comme superposés, comme présents dans une même vibration.

 

En ce sens, dans l’œuvre tout commence ou recommence, tout est inlassablement nouveau et à coup de fragments. Elisa Rafaël offre des présences décalées à la fois plus intimes et plus distantes.  L’intime est donc parfois « blanc » et presque « nu » mais parfois l’ironie le souligne comme si l’artiste entretenait avec son travail une immense vénération et une formidable dérision.

 

S’y contractent le proche et le lointain, le littéral et le symbolique. Elisa Rafaël - en créant ses images et en montant/démontant ses textes - souffle sur une vitre pour qu’ils et elles deviennent  opaques. Il faut que chaque rencontre soit impossible ou différée afin que la beauté presque en extinction étreigne le sentiment de l’éphémère.

 

Chaque œuvre reste monologue intérieur. Afin que demeure non une forme de vide mais de suspens.  Etre sur un bord (d’un monde, d’une page d’un objet)  crée une tension. L’artiste resserre les questions avec le désir de bouler dedans, de percer le silence. L’œuvre affirme donc quelque chose qui est moins la nostalgie du sens que la recherche de ce qu’il peut devenir. Il arrive alors que le temps soit transparent, le moi sans épaisseur : un simple regard peut-être. Ou une écriture en écharpe.


Jean-Paul Gavard-Perret

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