Ellis June Chomsky : cérémonies secrètes


 

 

Ellis June Chomsky joue de la scénographie d’une sorte d'amorphie, d’'inanité. Il n'existe plus de drame : que l'attente dans un monde qui ne se rassemblera peut-être plus. L'énergie des personnages se perd, affaiblie jusqu'à une limite extrême là où les images  s’éteignent. Elles ne peuvent être ni formatrices, ni conductrices même si ça et là pointe encore un désir plus  subi plus qu’apprécié.

 

L'existence des personnages s’envisage selon une errance statique dans l'indéfini, l'indéfinissable, dans l'expulsion de la dimension vitale de la vie. D'où ces images en creux qui portent des charges affectives refoulées. Elles ne sont plus évoquées que sous forme d'une cohérence en décomposition mais qui garde néanmoins une puissance de sidération.

 

L’œuvre devient une métaphore du manque. Dans le miroir dramaturgique, il n'existe plus de quoi résister à la représentation, comme si tout devait retourner au chaos dans l'à-peine conscience d'une non-identité portée au noir. L'isolement y est maintenu en un non lieu créé par l'extinction progressive des feux. La  lente descente vers le noir rend poignantes les  photographies  et leur silence sans fond. La  lumière  « Va se mourant et ne meurt jamais. Quelque chose comme ça, venu, parti venu, parti personne venu, personne parti à peine, à peine venu parti" (« Cette Fois », Beckett).

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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