Parker Day : farces optiques

 


L’artiste de Los Angeles Parker Day explore les masques que nous portons en modifiant jusqu’à l’excès ses portraits. Elle frise le grotesque sans jamais n’y tomber. Les « puppets in a string» (ou ce qui en tient lieu) deviennent à l’inverse de la carnation un écran total de maquillage où le narcissisme du voyeur vient crever (sauf s’il cultive certaines transgressions). Une telle figuration ne cherche plus à faire du « joli » : l’excès crée le déraillement des fantasmes. Même si l’artiste peut harnacher ses modèles de jarretelles.

La machinerie désirante de l’art  joue donc une étrange partie de dupes. Le voyeur est néanmoins réveillé. Il ne s’agit plus que de poupées-cornues, de portraits biscornus de spectacle équivoque.  La photographie impose un regard oblique. Ce que la poupée fait reluire ne possède rien de brillant. Le portrait non plus.
Il ferme les promesses d’un plaisir préformaté et d’un « croire voir » (Beckett)  là où  les œuvres  s’inscrivent comme une tâche noire essentielle au cœur même de la lumière. « Soleil et chair » ne vont plus de pair. Mais ce n’est pas plus mal. Parker Day déroute les poses et les illusions d’une proximité trop vite atteinte où croit se toucher l’origine fallacieuse d’un accomplissement.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Parker Day, “solo show” at Superchief Gallery LA .

 

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