Les appeaux d’Eric Ceccarini



« Le plus profond en l’homme c’est la peau » disait Paul Valéry : elle devient pour Eric Ceccarini un l’écran total afin de produire images et inserts. Héritant d’une tradition nippone le photographe transforme la femme en « Pillow Book » comme l’avait fait Greenaway en s’inspirant d’un texte de Sei Shônagon, courtisane de l’Impératrice nippone Sadako au XIème siècle.  Mais avec Ceccarini la calligraphie comme les peintures ne limitent pas le corps à un support artistique.  Celui-ci s’élargit (tout en gardant sa ligne en dépit de celles dont il est oint) pour des théâtralités à caractère cérémoniel, érotique ou fantaisiste.



Le corps entre dans  le domaine du symbolique comme de la farce suivant les cas. En ses impressions de lettre ou d’image il bénéficie d’un statut de sacralité qui remonte aux arts premiers. Il interroge sur la nature du signe et le rapport qu’il introduit avec le signifié comme avec le  « support ».
Le corps s’attache non à exprimer les spectacles de la Création mais prend part aux gestes même de celle-ci. Il articule deux types de pulsation: celle du monde qui y prend forme ainsi que celui de l'homme pour qui  la peau de la femme devient sujet et objet. Dans ce rapport au corps surgissent la puissance narrative et  sexuelle de modèles qui éprouvent la douceur érogène de la caresse du pinceau sur leur corps et du regard du photographe sur leur peau.



Jean-Paul Gavard-Perret






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