Demeurent toujours dans les photographies de Lucie Anthonioz un côté obscur et un côté lumineux. Les deux cohabitent harmonieusement et s’articulent autour des aléas du monde en une rhétorique de la solitude et de l’union, de la distance et de la proximité,  des couleurs vives et du noir et blanc (pour, parfois les abstraire). Dans la juste visée persiste l'absolue complexité du monde  tel qu’il est. Ni vraiment réel,  ni tout à fait imaginé. Mais chaque fois Anthonioz donne à voir une vérité qui n'est pas d'apparence mais d'incorporation. 

 

Sous la "fausse évidence" du réel, l’autre est toujours présent selon des cérémoniaux simples, sans fards dans le savant cocktail de masculin et de féminin. Parfois sous la caresse s’approche l'instant magique d'une dérobade du cœur de l'autre côté du miroir. Existe aussi l’humour au plein jour en de plutôt chastes enlacements. 

L'instant est tout le temps. Un visage, un paysage sculptent une beauté du monde. Mais la photographe n’en rajoute jamais. Sans se vouloir documentariste elle ne joue pas les esthètes : la fidélité au sujet et à l’émotion première restent majeure.

 

 

Jean-Paul Gavard-Perret