Delahaut jusqu’aux bas


Quand Sabine Delahaut s’amuse, éros n’est pas en berne. Il est là qui remue de plus en plus. Toutefois il ne s’agit plus de montrer le corps (du moins pas toujours et pas forcément en totalité) mais ce qui l’agite. Plus question de simplement se rincer l’œil mais de mesurer ce qui  échappe au delà de son iris. Le voyeur se retrouve avec, à ses trousses, des spectres féeriques qui parfois lâchent leurs chiens.
Nul ne sait si c’est le voyeur ou les femmes dessinées qui implorent de l’aide par l’intersection de la Sainte Sexo. Toujours est-il que le voyeur lui assure une éternelle reconnaissance. Mais à peine guéri et calmé il n’a qu’une idée : retrouver le monde de la vénéneuse. Elle rachète les péchés de tous ceux qui - frénétiques  -cherchent dans l’image de quoi fantasmer.


« Sainte Mère ne seraient-ils que des bêtes ? » se demande l’artiste. Mais pourquoi pas après tout. C’est pourquoi Sabine Delahaut remodèle sans cesse ses personnages. « Creuse, creuse ma fille puisqu’un ange te tire par les pieds » pourrait-elle ajouter. Un peuplement chevauche ses belles, les entoure. Qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous. L’artiste déduit le dehors de dedans. Les corps dansent, perdent leur tête et l’artiste tire les rideaux, les ficelles sans donner des explications, de déplier des raisons.
Toutefois elles s’emboîtent même si leur sens échappe. Les femmes deviennent des orgues à prières d’un genre particulier : de dieu ou des chiens elles ne redoutent ni le tonnerre ni les morsures. Au besoin elles savent  réveiller le cochon qui sommeille pour mieux s’en moquer.


Jean-Paul Gavard-Perret

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