Mère et gamines sur piédestal : John Wilhelm


Wilhelm est un irrégulier de l’art suisse. Amateur plus qu’éclairé il fait de ses filles et de sa femme les actrices de son monde libéré des contraintes de la raison. Il permet de décapiter nos monstres angoissants en les remplaçant par d’autres plus joviaux au sein de fêtes sardoniques.
L’artiste coupe la réalité panique par des images en ruade et en ruse. Surgissent des changements d’angle et d’échelle à l’aide de ses pythies pour donner écho à sa propre double conscience.

Saisir la ressemblance est éliminée. Seule la disproportion compte et la puissance « évidante » des narrations. A l’artiste la nuit du  jour. S’y inscrit les formes surréelles. Une fluidité libère sa force comique. Donner le biberon, prendre un bain deviennent des célébrations farcesques. Elles induisent une dramaturgie ouverte à la seule appréhension de l'inconnu.  

Ce n’est plus l’extase du vide qui le guérit de la maladie du temps mais sa drôlerie. Et qu’importe si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous. Les gamines du futur et leur mère célèbrent les charmes du  père. Dans leurs déplacements facétieux elles l’accompagnent face à la surface  du réel où les rêves crèvent. Tout cela est simplement joyeux. Le photographe - via Photoshop - tire  les rideaux, les ficelles  mais il ne serait rien sans elles. Elles lui permettent d’entretenir son monde étrange. Plus besoin de déplier des raisons. Les délires s’emboîtent sans que se saisisse le fonctionnement. Plus de pater  austère ni de  matrone qui  joue les panthères. La maison de famille en est renversée par déboîtement de sornettes.


Jean-Paul Gavard-Perret

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