Les inspirées de Madeline Keyes-Levine


Les égéries de Madeline Keyes Levine d’une certaine manière sont lucides : elles semblent comprendre que l’amour peut s’user. Et  le désir aussi ; Tout ce qui naît sur Terre croît, mûrit, et meurt. C’est pourquoi elles semblent évanescentes et jusqu’à se dessécher sans jamais s’épanouir à l’image des roses qui jamais ne s’effeuillent. Ont-elles peur que quelqu’un envahisse un peu trop leur cœur ou de blesser une Madame Légitime ? 
La photographe ne le dit pas : hyperdouée et très jeune (20 printemps) elle se contente de suggérer que tout corps frotté contre un autre corps est en danger d’incandescence. Pour ses égéries la  Californienne crée un autre état de luminescence. Le corps passe du solide à un état d’éther. Reprenant  la quête d’une Cindy Sherman ou du  Ryan McGinley, la chair humaine sort de sa glaise et se transforme en poussière de comète. L’image devient pieuse mais elle reste matière de songes : le regard du voyeur peut encore être appelé à s’échauffer plutôt que de se perdre en prière.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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