Pour August Sander (1876-1964) photographier se résumait en trois mots
« voir, observer et penser ». C’était faire l’impasse sur l’essentiel : à
savoir la capacité à saisir une image qu’elle
soit portrait, paysage ou étude botanique. Celui qui se passionna très jeune
pour le médium et acheta son premier appareil photo à16 ans, s’installe comme
photographe professionnel à Cologne et gagne sa vie comme portraitiste. Proche des
artistes de Cologneil entame avec eux
ses portraits afin d’établir une sorte
d’inventaire des classes sociales avant d’être inquiété (euphémisme) par les
nazis. Après la guerre, Sander se consacre à l’organisation de ses archives mais
sa première grande exposition personnelle hors d’Allemagne, ne se tiendra - au
MoMA de New York qu’en 1969 - cinq ans après sa mort.
Son rapport à la série,
son goût pour la démystification et la restitution objective ont inspiré de
nombreux photographes contemporains. Ils ont découvert chez lui une autre façon de voir. Grain, cadrage serré,
noir et blanc de ses photographies offrent un regard différent sur le réel.
L’artiste crée une scénographie frontale mais subtile : l’appareil
photographique semble aimer ses modèles et Sander donne jusqu’à la sexualité
une image différente sans jamais tomber dans le cliché dit« de charme ». Humilité,simplicité dans la sophistication permettent
d’aborder chaque modèle. Les œuvres sont à la fois dures et tendres, sans la
moindre condescendance ou mollesse.Existe
un désir d’approcher au plus près le corps mais en conservant toujours une contextualisation
au sein des mises en scène. Elles ne sont plus des artifices mais des
artefacts. La transgression passe toujours par une théâtralité de la théâtralité
afin de faire surgir une vérité d’appartenance et non d’exhibition.
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