C’est parce que
"Tout est couleur dans le monde moderne" (Michelangelo
Antonioni) que Rachel Krief choisit souvent dele photographier en noir et blanc. Ce parti pris ouvre le monde moins
par nostalgie que pour toucher plus profondément ce qui y circule. L’œuvre
ressemble à un carnet de route : l’artiste y capture des moments avec maîtrise
et fluidité. Les narrations ou les évocation soulignent la solitude et créent
une sidération de l’immensité ou de l’intime.
Le corps reste
anonymemais garde ses pleins pouvoirs.
Il est saisi dans une sorte de chaleur distanciée. Pas d’effusion mais - dans
le mouvement ou la fixité - l’émotion demeure toute en sobriété. L’ensemble
devient une affairede peaux limites : celle du corps, des choses,
du paysage.
Entre le proche et
l’étrange émanent une hantise de l’air, sa diaphanéité, sa poussière, sa fumée.
L’espace inscrit une possibilité et une impossibilité avec ou sans indications
de lieu et sans que l’on sache ce que le corps peut prendre ou donner. L’ombre
et la clarté jouent par l’absolue précision ou par effet de halo. D’où la force
impressive d’images qui jouxtent l’ordre
et le chaos, la douleur et plaisir mais dans ce cas uniquement par suggestion.
Elle tient de la caresse.
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