Autodidacte, Sophie Patry crée un univers de l’ineffable avec une grande maîtrise technique du noir et blanc. La photographie  touche par sa sensibilité et sa sensualité distanciées.   

L’énigme reste au centre de l’œuvre où l’artiste se met en scène en faisant résonner nos possibilités d’angoisse et de désir. Photographe de la féminité digne parente de Diane Arbus, Sophie Patry propose une dérive loin des courants attendus afin d’en activer d’autres.

 

La femme semble devenir une fleur qui attend le crépuscule pour s’émouvoir, elle se nimbe  d’effluves nocturnes et on peut même imaginer des rivières de parfum. La braise latente attend son heure, grimpe sans répit mais de manière douce. L’artiste sait jouer de mille ruses pour faire glisser juste ce qu’il faut d’érotisme.

 

Le filage est précis et donne un effet d’infusion entre le corps et son écrin. Chaque photographie soulève le réel, le rend translucide. La sécurité et la fragilité se juxtaposent. Ouverture, liberté, intensité, sérénité, inquiétude : le tout jusque dans la sophistication du presque rien – ce luxe parfait de l'art qui ne cherche pas à faire beau mais à produire un songe.

 

Jean-Paul Gavard-Perret