Claudia Brutus : hybridation de la psyché

Claudia Brutus embarque au sein d’une exploration saisissante et poétique. Née d’un père Haïtien  et d’une mère bulgare l’altérité fait corps avec son identité qu’elle doit confronter aux règles de l’école des Beaux-arts qu’elle intègre lors de son arrivée à Paris.
Pas question pour elle de rentrer dans le moule. Ses peintures épousent un cosmopolitisme plastique dans ce qui peut sembler d’un baroque décliné avec dextérité rare chez une jeune artiste. A  l’histoire de sa peinture se mêle celle de sa vie loin de toute posture admise. L’œuvre est résolument plurielle et hybride jusque dans ses tonalités et ses ambiances. La légèreté côtoie la gravité, l’ombre la solarité dans des jeux d’oppositions violentes.

L’artiste donne à voir le travail de sape salutaire preuve de la vraie liberté : celle qui fonde et qui brise, celle qui  tend à donner à la femme tout l’espace en faisant le vide autour d'elle. Au sein du genre apparemment cadré du  portrait l'œuvre n'est pas pour autant coupée du monde  L'artiste rêve d'y vivre comme le reste d’une peuplade perdue dans le temps et pour atteindre un « temps pur » et comme sauvé des eaux.

Les figures sont à la fois troubles mais prégnantes, tout reste énigmatique : femme, narration, jeux de couleurs. L’artiste aime le composite qui fait sortir le regardeur de toute zone de confort. L’imbrication des motifs et des couleurs crée une complexité. Elle n’a rien de factice : elle est le sens même d’une œuvre en devenir mais qu’il faut déjà découvrir. Jaillissent des rêves cachés, des interdis aussi et des blessures et fêlures. Ce sont celles et ceux de l’artiste. Mais les nôtre aussi.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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