Marie-Noëlle Pécarrère la passementière érotique

 

Après une formation de Styliste Haute Couture, de Modéliste et une formation des Industries de l’habillement Marie-Noelle Pécarrère s’est tournée vers le dessin et l’histoire de l’art. Elle a exercé la mosaïque en atelier avant d’opter pour à la peinture avec des bas reliefs, broderies, peintures et aquarelles. L’anatomie est au centre de son travail  mais elle en multiplie les modulations par des hybridations diverses loin de tout académisme.


Née de  l’abstraction informelle l’artiste est passée à une expression figurative volontairement maniériste, surréaliste et parfois sulfureuse. Influencée par la peinture figurative flamande, romantique et naturaliste chaque œuvre offre plusieurs entrées possibles. Il arrive souvent que l’artiste détourne de vieilles images (cartes postales victoriennes, illustration de vieux manuels scolaires). Des mixages, jaillit un univers poétique à l’aspect ludique où  se cache tout un travail de réflexion qui s’enclenche et s’enchaîne d’une œuvre à l’autre à travers une forme de fantasme historique sans l’astreinte au respect des signes de reconnaissance d’une époque précise. Tout est plus ou moins et volontairement  dysfonctionnel et ne manque pas de piquant - voire plus - en de telles « apologies » aussi drôles (le plus souvent) que douteuses.


Au fil des ans l’artiste métamorphose des manuels de conduite en celui de son « inconduite » selon ses propres recettes, démarches, méthodes et mises. Elle façonne à sa main des fruits défendus, matérialise des rêves étranges et pénétrants, drôles et érotiques. Elle fait la nique à la réalité et jette du feu sur son huile. Surgissent de telles alliances des images du troisième type. En jouant au besoin  les  romantiques l’artiste inonde à l'eau de « rosse » des filages intempestifs. Les vérités admises y deviennent inaudibles et le réel se franchit vers un dedans que nous ne trouverons jamais sur une carte - fût-elle du tendre.


Dans un raffinement polymorphe, l’artiste dégage l’essence d’un ravissement imprévu. Il ne s’agit pas d’espérer admirer les dentelles du monde mais ce qui s’y cache. Chaque dessous ou dedans devient un étui à surprises. Il contient par effet paradoxal de « dessus » des délices à double  feuilletage. C’est une manière de forcer l’imagination du spectateur à imaginer encore. Et surtout mieux.

 

Les stylistes de la haute couture diront que de tels dessous chics sont caducs. Ils ajouteront que l’artiste a vu trop grand et qu’il faudrait des modèles plus petits. Mais l’artiste n’a pas besoin de conseilleurs qui ne sont jamais les payeurs. Ses images creusent l’obscur afin que les flammes du désir  partent en fumée, et la fumée en flammes.  Le printemps y renaît par la bande.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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