Dans les collages-dessins
d’Eugénie Bachelot-Prévert des étrangers ne le sont plus l’un pour l’autre.
C’est le paradoxe du toi et du moi, du toi tu es un moi. Ce paradoxe se mesure
à l’humour que l’artiste met dans ce partage en soulignant combien il peut être
douteux. Elle sait ce qu’il en est de la dévoration de l’amour et de son effet
miroir qui renvoie souvent à celui de Narcisse.
C’est pourquoi chez la créatrice
toute est en déséquilibre et dans une
sorte d’éloignement pour que les êtres ne fassent pas écrans. A ce titre la
technique et le genre même du collage est important. La séparation de ses
parties unit sans que tout s’abreuve à la même source. Chaque personnage à sa
façon appelle mais le rendez-vous n’est pas ce qui importe le plus. Le tout sur
fond de couleurs où jusqu’à l’érotisme - cet instrument de connaissance - prend
une forme particulière.
L’œuvre est résolument
optimiste. Mais objet de délectation elle reste aussi un manuel de survie. L’image nage au milieu d’une
procession d’éléments épars/joints, elle permet non seulement un autre exercice
mais une autre épreuve de l’art et de son langage. Jaillit une succession de
fables qui accèdent (parfois) à la limpidité des plus beaux rêves ce qui
n’empêche pas une lucidité bien au contraire.
L’artiste rappelle que vie
la plus vraie est toujours la plus individuelle. Et pour le prouver le
collagereste un objet magique. Il sert
de métaphore (image dans l’image) comme la meilleure image poétique chargée de
plus de signification ou de fantaisie.
Jean-Paul Gavard-Perret
Le troisième collage est une oeuvre collective de l'artiste avec Béatrice Julien-Labruyère, Raphael Renaud.
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