Libre et indépendante, riche de ses
voyages et de son savoir Monique Dolle Lacour ose toujours plonger dans ses
toiles. Comme Bram van Velde ce qu’elle aime dans la peinture « c’est que
c’est plat ». Pour autant elle agace cette surface, l’ensemence, la griffe
dans un sens plus tellurique que spiritualiste. Mêlant intuition et techniques,
savoirs orientaux et occidentaux elle réinvente le monde qui en peinture est
une histoire de langage à travers et entre autres le travail de divers types
d’empreintes.
Monique Dollé Lacour prouve que peindre
est un acte physique et une tension mentale. Et c’est ainsi qu’existent de
volontaires accrocs dans la soierie des voyages picturaux afin de mettre à nu
ce qui se cache mais que la prétendue nudité figurative ne fait que singer. Pénétrant
la toile par différents côtés elle peut tout autant les déborder en ce qui
devient plus signe que figure à la recherche d’une quintessence jamais statique.
Fluide ou plus épaisse la peinture, les pigments, le goudron jouent au besoin
de superpositions et de transparences.
Consciente de sa place dans le monde mais
indifférentes aux querelles d’école ou de salons la plasticienne préfère
s’égarer dans ce qu’il existe de plus terrestre là où les « signes »
de l’humain prennent un autre sens. Refusant les soumissions qui viendrait les
mutiler, l’artiste ne connaît nulles contraintes sauf celles qu’elle s’impose.
Elle tire certains rideaux, franchit les espaces qui sous formes de vestiges
caressent les confins du monde dont nul ne peut préciser le fond.
Tout ce que l’on peut affirmer reste la
présence de ses œuvres où l’extase d’un certain « vide » et d’un
« plein »programmé vient soigner la maladie de l’idéalité. Qu’importe
si la fusion dans le réel n’est pas au rendez-vous. Celui-ci renaît en ses
textures et « textuorologies » du langage de l’artiste. Elles
naissent de l’espace pictural qui peu à peu fait partie de nous.
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