Les "ébauches" de Yuehui Liu

 

Pieds nus dans la transparence des jours, Yuehui Liu crée par des gestes parfais des personnages étranges en un pays des essences pures. Têtes ou ventres des êtres comme ceux des objets semblent en dépit de leurs meurtrissures ignorer les blessures. Ils sont ciselés en finesse, perdus au fond de l'air brûlant et la blancheur du temps. Ce sont autant d'histoires de solitudes, de nudités, de peaux, de chairs à cœur ouvert. Demeure le désir d'être au sein de la féminité et loin des recettes même si l'artiste se réapproprie tout un art du dessin extrême-oriental. S'y touchent des stalles obscures à l'intérieur de soi.

Tout cela reste étrange mais le regard s'y sent bien. Tranquilles et sans retour les "silhouettes" imposent leur drôlerie. Car par politesses elles retirent leurs larmes et soupirs. Noirs- mais aussi en couleurs sur blanc - demeurent une vie ouverte, un rouge émis qui danse. Les traits gardent la finesse  de fils de soie sucée. Chaque détour est le centre du monde. Il y a dedans le trouble et la farce. Le plaisir du regard. Et l'émotion aussi. Mais de manière discrète comme des présences d’aube crépusculaire. Chaque œuvre est une maison de l'être. Elle sort de l’ombre et de la nuit du temps, mais pas totalement dans le blanc du support. Reste une intimité de fusion en métaphore par exercices et dilatations de douceur et de précision.

Jean-Paul Gavard-Perret

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