Sandra Richard : effacements

Sandra Richard a acquis une conviction : les images doivent être bien autre chose que la possession carnassière des apparences, autre chose que cette mimesis en laquelle, depuis la Renaissance italienne, elles se sont splendidement fourvoyées et dont le prétendu "réalisme" représente la forme la plus détestable. La créatrice se barricade contre l'invasion de cette sorte d'espoir illégitime. Les moyens plastiques sont convoqués pour un effacement mais afin de produire un ébranlement du regard par une poussée particulière fait de gaufrages et de piquages afin que cette très vieille chose qu’on nomme l'Art parle autrement.

« Dépeupleuse » de la représentation Sandra Richard en quelque sorte l’écarte. Néanmoins le travail reste intensément fort afin de créer d’autres suggestions et propositions. Des suites de formes s'enveloppent les unes dans les autres. Le dessin demeure mais blanc sur blanc, loin de la grimaces des couleurs selon  une traction extrême digne des estimables abstracteurs de quintessence.

Tout en ne se séparant pas  de toute figuration l’artiste détrône  le visible afin de produire une ouverture qui n'a rien d’une impasse. Se  nouent dans l’immaculé la lumière et  l’obscurité. Là où l’art semble introuvable et où s’ouvre  un vide illimité, l’Imaginaire pictural creuse le monde en se démettant de tout chaînon expansif. L’énoncé graphique se dissout dans la plénitude lacunaire de ses blancs. En cette approche on pourrait  croire voir émerger une nostalgie éperdue de la pureté. Mais ne faudrait-il pas voir, plutôt, une accession à la "réalité du rien" ou à la visible absence de l'absence?

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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