Lucien Jacques (1891-1961) au musée municipal de Forcalquier

Bien trop souvent relégué dans l’ombre de Giono dont il fut, certes, à ses tout débuts d’écrivain, le providentiel critique, pertinent et avisé, puis, de là, et pour toujours, l'ami le plus proche ; Lucien Jacques - 1891-1961 - est, n'empêche, dans son propre domaine - l'aquarelle étant, à mon sens, son moyen de prédilection - un artiste tout aussi accompli. Ce que, également remarquables, confirment de concert ses dessins et ses bois gravés.

Le renaissant musée municipal de Forcalquier, dans les Alpes de Lumière - anciennes Basses-Alpes - où l'artiste vécut de 1936 à sa mort, met en ce moment heureusement à l'honneur - et ce jusqu'au 22 septembre - un choix judicieux de ses œuvres hautes provençales où la poésie est toujours de mise, comme elle fut omniprésente au quotidien dans son art de vivre.
Haute-Provence en rien pittoresque, pas plus que folklorique au mauvais sens du terme, et pour cause essentielle : l’âme profonde et véritable de ce haut pays inspirant étant, en fait, le sujet majeur traité avec amour en de multiples facettes extérieures : villages, paysages, portraits, scènes pastorales, natures mortes, etc. Il s’agit là du versant ensoleillé de l'œuvre de Lucien Jacques.
Le premier, antinomique, plus sombre donc, tragique même, étant plus particulièrement exprimé par écrit dans ses souvenirs de la guerre de 14 et aussi bon nombre de ses poésies.
« On n'arrête pas le printemps avec des fusils » affirme Lanza del Vasto. Cela se confirme et se vérifie admirablement dans la conscience puis, par conséquent, dans la vie artistique de Lucien Jacques au retour de l'enfer : oui, cela s'est visiblement passé en lui puisque sa floraison de belles lumineuses aquarelles de la plénitude, ses nombreux bouquets de délicats dessins et de solides bois gravés, témoignent avec éloquence d'un renouveau intérieur intense, ardent, poétique, venu contrebalancer et même tenter d'exorciser en sa psyché tout le tragique de l'atroce déluge de feu, de sang et de morts dont, blessé en 16, il réchappa de justesse. 

Aussi, si j'avais à associer Lucien Jacques à un arbre, je l’associerais alors très volontiers à l'amandier - il va sans dire, un amandier en fleur ! - qu'il aimait tant et savait donc si bien peindre.

André Lombard

Exposition Lucien Jacques, musée municipal de 04300 Forcalquier, visible jusqu'au 22 septembre 2019
Le lundi de 10 h à 12 h et de 15 h à 18 h, mercredi, jeudi, vendredi de 15 h à 18 h. Visite guidée le mercredi à 16 h

Pour en savoir plus : Association des Amis de Lucien Jacques (1891-1961)

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