Lucien Jacques au musée Regards de Provence

Lucien Jacques sculptant, sur la place du village, la stèle à la mémoire d'Yves Farge

Lucien Jacques gravant une stèle à la mémoire de son ami Yves Farge. Montjustin, 1954. Photo X, archives Serge Fiorio.

 

Chaque chose vient à son heure, paraît-il. Il semble qu'il en soit en tout cas ainsi aujourd'hui pour Lucien Jacques - 1891-1961 - dont la toute prochaine grande exposition au musée Regards de Provence, à Marseille, est une forme de belle reconnaissance publique de ses grands talents.
À côté du principal, celui, majeur même, de peintre-dessinateur-graveur, ce bougre d'homme en eut, en effet, encore quantité d'autres, et non des moindres : il écrivit, tissa, sculpta, édita, dansa...comme personne.

Exposition qui arrive, et ce n'est là que justice, tel un couronnement, après des années de travail passionné, sans relâche, de la part de l'Association des Amis de Lucien Jacques qui, sous la houlette de Jacky Michel, a finalement sorti cet artiste d'un bien injuste et fâcheux purgatoire vécu tout du long dans l'ombre d'encre noire de son ami Giono.
Mais voilà que le choix - par mégarde, vraiment ? - d'un titre malencontreux le ferait pour si peu retomber à la case départ ! Je ne cacherai pas qu'il est à mon sens pour le coup malvenu, pour sûr maladroit, d'avoir intitulé le catalogue Lucien Jacques, le sourcier de Giono. C'est d'entrée le réduire de nouveau à cela qui est, certes, l'une des preuves flagrantes et irréfutables de la qualité de sa sensibilité artistique hors-norme, mais n'en est - comme énuméré plus haut - qu'une parmi tant d'autres. C'est le faire par là quelque peu regagner le "piège" dont, pour de bon, on le croyait cette fois sorti sain et sauf - mais non sans encombre - avec l'annonce de cette toute prochaine exposition si ce titre général du catalogue ne passait pas ainsi, sinon à la trappe, du moins sous silence, sa propre nature d'artiste pourtant bel et bien librement et pleinement accomplie.

 

Lucien Jacques, suivi de ses dates de naissance et de mort, eut donc été de toute évidence le plus juste titre ; le plus sobre, certes, mais par contre et sans aucun doute aussi le mieux adapté.
D'autre part, comment peut-on écrire dans la succincte présentation de l'ouvrage : « ...peu de publications rendent compte de la pluridisciplinarité et de la densité de la production de cet amoureux des lettres. » ?
Quid alors de la trentaine d'ouvrages - bon poids, éditions et rééditions confondues - concoctés et parus depuis 2004, date de création de l'Association des Amis de Lucien Jacques qui en est, depuis, l'impeccable maître d'œuvre en même temps que le valeureux éditeur ?

Malgré ces manquements, une expo à ne pas manquer en tout cas, assurément ! 

André Lombard

Collectif, Lucien Jacques, le sourcier de Giono, catalogue de l'exposition, 255 x 180, 65 images, coédition Mucem-Actes-Sud, septembre 2019, 120 p.-, 28 euros

musée Regards de Provence, Marseille, du 29 octobre 2019 au 17 février 2020

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.