Le "Rachmaninov" de Jean-Jacques Groleau est un essai tout aussi précis que plaisant à lire

Comme tant d’autres avant lui, Serge Rachmaninov (1873-1943) ne fut pas compris de son vivant. Pas aimé à sa juste valeur. Incompris. Voire méprisé. Il faut dire qu’avoir deux cordes à son arc, dans la grande musique - et surtout à cette époque - c’était bien une de trop ! Instrumentiste virtuose, Rachmaninov se voyait surtout comme compositeur. Jamais content ? Sans doute, mais c’est l’apanage des génies. Repousser toujours plus loin. Aller là où il veut. Et cela en devint presque caricatural. Dès l’adolescence, alors qu’il s’orientait vers une carrière de soliste, il choisit de se consacrer à la composition... 

Interprète adulé il dut donc souffrir presque toute sa vie de voir sa propre musique presque systématiquement rejetée. Même si un Prélude et un Concerto eurent un succès planétaire. Rien ne pouvait lui faire oublier les réserves de la critique. Et la bouderie du public...


Aidé, soutenu - presque porté - par Tchaïkovski, le jeune Serge passe ses examens avec un an d’avance. Mais cette précocité n’était pas gage de réussite à venir. Au contraire... 

Car écrire une symphonie n’est pas une sinécure. Au point que sa Première Symphonie sera vite oubliée. Manuscrit brûlé. Les musicologues devront la reconstituer après sa mort... 


Mais ce premier revers s’accompagne de deux drames personnels : son mentor Zverev décède. Suivit de près par Tchaïkovski. C’est la déprime puis la dépression... Pour survivre il donne quelques leçons. Mais cela l’éprouve encore plus. Quelques récitals. Mais des douleurs le stopperont. La pente s’accentue. C’est le trou noir... avant de devenir chef d’Opéra à Moscou. La vie reprend alors lentement forme.
S’en suivra la rencontre clé : Nicolas Dahl. Un jeune médecin qui usera de sa science - la psychothérapie par l’hypnose - pour réveiller le musicien. Viendront alors les quatre extraordinaires Concertos pour piano et orchestre.


Jean-Jacques Groleau, agrégé de lettres classiques et directeur de l’administration artistique de l’Opéra et Orchestre national de Montpellier, a écrit un essai tout aussi précis que plaisant à lire. Enrichi d’un index, de repères bibliographiques et d’une discographie. Un feu d’artifices dédié à l’un des plus grands compositeurs pour piano. Si ce n’est le plus grand...


Annabelle Hautecontre


Jean-Jacques Groleau, Rachmaninov, coll. "Classica", Actes Sud/Classica, avril 2011, 208 p. - 18,00 €    

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