Le feu sous la cendre – Alice Russell

                   

Alice Russell, « To Dust »,  label Differ-Ant Recordings, 2013.

 

Filer « à  l’Anglaise » avec Alice Russell est toujours un plaisir. Depuis 4 ans on attendait une telle dérive. On retrouve enfin l’artiste avec ses titres bipolaires. D'un côté la soul vieille école, de l'autre l'electro déjanté. Par ce double jeu Alice Russell mord des alphabets de braises. Y résonne d’étranges frissons. Parfois un poignard semble prêt à embrocher l'intimité d’une robe du soir. Plus souvent  des caresses glissent dans sa faille.  Mais c’est Alice elle-même  s’y introduit en douce pour conduire aux  étamines de la nuit. Chaque titre est une chambre avec légende plus qu’avec vue sur la mer. Des ombres hantent. Mais la nouvelle Lilith ne s’en émeut pas. Au contraire : elle quitte sa vigie pour serpenter dans des orages de houles. Tout devient mirage  là où les nefs de la folle du logis remontent le courant.

 

Alice Russell demeure un oiseau rare qui vole  à contre vent. Ici bleus au cœur et perte de moral  (son label Little Poppet est irrévocablement fermé) ne suffisent pas à décourager l’Anglaise. Elle retrouve la lumière sous la désillusion. Dans chaque titre elle fonce pour  attraper au vol des fruits cachés dans le jardin d’Eden. L’ex chanteuse du groupe « The Quantic Soul Orchestra », se surpasse en son électronica la plus vivante. La sophistication  n’empêche pas le dépouillement. « To Dust » comme son nom l'indique dirige vers l'obscur. Mais aller dans les cendres devient une manière d’en renaître par le détour du Gospel après quatre années d’absence.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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