Vivian Maier photographe « anonyme »

En 2007 un jeune agent immobilier à la recherche de vieilles images achète pour un prix dérisoire dans une vente aux enchères une malle contant 120 000 tirages argentique. Surpris par la qualité des photographies il en publie quelques une sur Internet : le réseau s’en entiche et a tôt fait de voir en l’inconnue Vivian Maier un alter ego des plus grand photographes américain du street-art : Rober Franck, Walter  Evans en tête. Existe en plus dans ces clichés noir et blanc un rappel des photos surréalistes mais aussi de celles de Lisette Model ou Diane Arbus. L’acheteur judicieux (qui ne retrouvera la trace de « sa » photographe que quelques jours après sa mort) signe alors un contrat  avec la galerie Howard Greenberg de New-York haut lieu de la photographie mondiale.


Vivian Maier - nurse de profession - demeura dans l’anonymat et mourut dans le dénuement le plus complet. Son incognito reste un mystère d’autant qu’elle ne quittait jamais son  Rolleiflex pour construire en parfait secret une œuvre qui réunit tous les « genres » de la photographie.  On peut parler à son propos d'un "imaginaire de lumière" capable de conjonctions impressionnantes. La "sublimation" travaille  à partir d’éléments simple du quotidien comme de la propre ombre de la créatrice. Elle fait dériver le réel ou plutôt se le  réapproprie dans un désir de « reliance » qui  interroge le vivre en commun des hommes de la « metropolis »  (New-York, Chicago).


Ce travail artistique représente une quête identitaire  de l’homme dans le monde comme de l'intégration de celui-là au sein de son milieu. En ce sens le travail de Vivian Maier est à la fois poétique et politique. Entre ironie et subversion l’artiste a su montrer en une beauté lustrale les êtres et les choses que l'on connaît mais dont on ne se soucie pas.  Chez une telle artiste officiellement « non artiste » le sentiment de beauté procède d'un simple déclic, de quelque chose d'émotionnel et de spontané lié à la vie  et dégagé de la volonté de faire une œuvre et encore moins un nom.


Jean-Paul Gavard-Perret


Vivian Maier, « Maloof Collection », Les Douches La Galerie, Paris

Vivian Maier, publié par John Maloof, Texte Geoff Dyer, Powerhouse Books, 144 pages, USA.

 

 

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