Les space operae de Sophie Hunger
Sophie Hunger, The danger of Light”, Label Two Gentlemen, Lausanne.
Le quatrième album de Sophie Hunger permet d’atteindre la pression sonore de solitudes prenantes. De l’édition "deluxe" de son « The Danger of Light » les moins attentifs retiendront une nouvelle fois des reprises : « One too many mornings » de Bob Dylan et « Ne me quitte pas » de Jacques Brel. Cela demeure pourtant anecdotique. Les propres compositions nocturnes (en fidélité au titre de l’opus) sont beaucoup plus intéressantes et parfaitement servies par son groupe plus rock que jazz en dépit de certaines orchestrations et des cuivres.
Sophie Hunger invente la bande son de notre époque. Ses titres les plus graves deviennent les « saetas » d’un siècle à peine né et déjà déclinant. L’artiste y prouve sa poésie et son peu de goût pour les frontières musicales. Les traversant la musicienne intègredes sons adjacents à la musique binaire en une prise de risque si bien que même ses reprises ne sont en rien des rentes ou des assurances mais des rampes de lancement d’odyssées d’espace sonore en devenir. Dans « The Danger of Light » rien n’est clos. La musique demeure sensorielle voire sensuelle. Seule la voix claire de l’artiste rafraîchit subtilement certaines ardeurs telluriques dont ici la lumière sombre prend des éclats de cristal.
Jean-Paul Gavard-Perret
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