Jean-Frédéric Schnyder : Fluxus et après

                   


Certaines œuvres de Frédéric Schnyder peuvent trouver leur place  au sein de la sculpture conceptuelle. A l’inverse ses peintures volontairement « douteuses » par leur narration comme dans leur facture sont souvent peintes sur le motif et avec citations (Van Gogh par exemple) afin de sortir du sujet comme de la composition. Le centre y est décadré. Parfois un ersatz de regardeur rigolard est inséré dans le tableau. Un tel ensemble disparate reprend le relais de Duchamp sans toutefois en dupliquer les « coups » mais en respectant son esprit. Recyclant au besoin  les restes de couleurs de sa palette pour créer des tableaux abstraits, récupérant les résidus grisâtres des chiffons utilisés pour le nettoyage de ses pinceaux l’artiste propose des patchworks  ou « tachworks ». L’imprévu, l’accident, le fortuit gardent tout leur rôle. La création reste intempestive, ironique, radicale et ne cherche pas forcément l’adhésion du regardeur. Capable de tout pour saisir le rien le travail demeure aussi onirique que réaliste, monumentale et autoréférentielle qu’aberrante. Sans formalisme et dans un esprit ludique Schnyder  libère l’image de sa valeur d’icône. Faisant du Fluxus à sa façon pour un tel créateur la déconstruction redonne une vie à l’art par ce qui échappe au registre du traditionnellement et basiquement « beau » et revendique une certaine « laideur ».

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 Fréderic Schnyder, Galerie Eva Presenhuber, Zurich.

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