Black is beautiful : Guillaume Constantin
Ceux qui se méfient des faussaires, des
complices et des cannibales de la vérité seront ravis par des propositions de Guillaume
Constantin. Elles se veulent la
transgression des édits de chasteté d’une démocratie esthétique trop tempérée. Elles
rappellent au passage qu’il ne faut pas compter sur les peintres de l’indicible
pour révéler l’insondable.
En un tel livre d’exigence
et en ses déclinaisons des « Blacks Paintings » d’Ad Reinhardt – se crée
l’extinction la plus probante de la lumière en montrant ce qui se passe derrière la surface
des apparences. Le culte du noir remplace celui de la lumière là où la fiction esthétique devient un projet
utopique perverti. Le noir sort de ses gonds pour demeurer moins en état de
nuire que pour mettre en exergue les sophismes de l’art en son système en place.
Au lieu d’y participer l’ouvrage renverse jusqu’à la conception habituelle du
livre. L’artiste se fait le Gutenberg du nouveau millénaire pour fonder une
république autonome et donc non bananière du livre et de l’image. Les « pages »
que Constantin lance sous les pieds de l’art resteront une contribution à son renversement.
Jean-Paul Gavard-Perret
Guillaume Constantin, BLCK/BLCK, Editions Enigmatiques, Paris, 25 €., 2014.
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