Lucy Watts : Dürer et après

Lucie Watts ne cesse de faire fait passer du paroxysme de l’idéal artistique à un abîme animalier. Elle ne cesse d'aiguillonner le regard de germination intempestive depuis son atelier de Dijon où elle s'est installée.  L'animal reste pour elle un de ses repères figuratifs, poétiques insolents.Il fabrique une perspective que nous voulons ignorer et rampe vers le tronc de nos heures. Il est aussi notre mémoire puisque partout où il rampe, il laisse une trace, une odeur,  une hantise.

 

L'art non seulement peut mais se doit à l'animal. Lucie Watts le sort de sa coquille. Pour cette extraction refusant tout repli elle en fait un personnage au même titre que l'humain et devient aussi clownesque que monstrueux (ce qui semble "raccord" avec certains faits-divers du moment) que lui en des dessins que ne renierait pas Dürer. Le monstre animal ou humain redessine le lieu de l'art et différencie le travail du deuil et de la mélancolie de celui du comique et de la drôlerie. Il rappelle que l'animal est un homme pour l'animal. Le dessiner  revient à inscrire le bestiaire invertébré qui nous habite en tant que larve. Cela sert aussi à tatouer ce que nous prenons pour notre soupente ou notre garde-manger mais qui n'est qu'une coquille vide.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Lucy Watts, "Sussessful Products", Atheneum, Centre culturel de l'Université de Dijon, novembre-décembre 2014.

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