Les mobilités scandées de Bertold Stallmach
Avec Bertold Stallmach il
n’existe plus d'atelier qui enferme le peintre avec son chevalet et sa palette,
plus de cadres, de cornières, de spots directionnels. Les éléments rattachés à
l'oeuvre d'art traditionnelle disparaissent au profit d’un « cadre »
beaucoup plus large liés à divers contextes architecturaux, sociaux,
idéologiques, psychologiques, livresques, picturaux, sculpturaux et
vidéographiques rattachés à une expérimentation
qui se vit à la fois comme contenu et « métaforme » d'un art.
Par son inscription conjoncturelle il se situe loin du naturalisme comme du
symbolisme. Au sein de l'éclatement des procédures, des rôles et des circuits,
se croisent diverses possibilités et se repose la question de l'originalité et de
l'identité de l'œuvre. Jeune artiste radical, catalyseur de travaux, le
Zurichois crée un nouveau rapport à l’art tant pour
l’artiste que pour celui qui jusque là se contentait de le
« réceptionner ».
L'émotion - celle qui
n’est pas de surface - étant peureuse l’artiste la « fait
savoir » là où on ne l'attend pas.
Stallmach a horreur des effets : à un express qui déraille il préféra toujours
une suite de pas. Et il s'agissait pour lui
de monter l'amour il préférerait monter la porte d'une chambre qui se
referme sur des amants comme l'écluse d'une destinée plutôt que d’offrir des
ébats voyeuristes. Prétendre montrer à travers l'oeil d'une serrure n'est
qu'une facilité et ouvrait à l'échec. L'œil des serrures est impassible, il
aboutit à un mur.
Jean-Paul Gavard-Perret
Bertold Stallmach, « CARAVAN 1/2015 », Aargauer Kunsthaus, Aarau, février-avril 2015
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