Sophie Aymon au-delà des miroirs

De tous les portraits recréés par Sophie Aymon surgit non un patchwork mais un acte de foi  capable de souligner les gouffres sous la présence et de faire surgir des abîmes en lieu et place des féeries glacées.  L'imaginaire répond au désastre que tout portrait photographique engage. Se franchit un seuil  : celui de l'endroit où  tout semble se laisser voir vers un espace où tout se perd pour approcher une renaissance incisée de nouveaux contours. Il y a là cristallisation, scintillation contre l’obscur. C’est pourquoi il faut savoir contempler les portraits de Sophie Aymon comme un appel intense à une traversée afin de dégager non seulement  un profil particulier au visage mais au temps : un temps en renaissance proche de ce que Proust appelait "un peu de temps à l'état pur".  Celui où la sensualité voire un certain érotisme gardent tout leur sens. 

 

Le portrait échappe autant à la métaphore qu'à la reproduction : il engage la spécification de l'être en s'éloignant d'une simple thématique psychologique. Même si le portrait est a-prori le siège de l'identité un "'ailleurs" est  mis avec Sophie Aymon en évidence. C'est  pourquoi et paradoxalement la définition de la peinture comme création absolue par perte de contact avec le réel prend ici tout son sens. L'art doit d'abord "abîmer" l'apparence afin de l'approfondir par la "matérialisation"  picturale afin de révéler des schèmes élémentaires en des cérémonies secrètes fomentées dans l'atelier de l'artiste.

 

Jean-Paul  Gavard-Perret

 

Expositions à venir de l’artiste : Du 14 au 26 mars 2015 - Musée de Nagoya au Japon. Du 3 avril au 30 avril 2015 - Mairie de Chailles. Du 18 avril au 3 mai 2015 - Salon International des portraits au château de Beauregard  à Cellettes.

 

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