Natacha Lesueur met le paquet
A Nice Natacha Lesueur est présente dans deux expositions . L'une tourne autour de la figure de Carmen Miranda, stéréotype de l’exotisme et de la sensualité latino-américaine dans les superproductions hollywoodiennes des années 50. L'autre est plus "généraliste" et multiple les égéries. Dans la première l’artiste remet en jeu la dimension médiatique de l’actrice et la recompose entièrement en poses, maquillages, costumes volontairement « excédentaires ». Elle creuse la surface de cette égérie à multiples facettes contradictoires et montre comment se crée la production de la « choséité médiatique, raciale et sexuelle d’une star. Les deux expositions lui permettent de progresser dans la déclinaison fascinante d’un univers érotique très particulier aux atmosphères plus ou moins oniriques sous l’influence iconographique rétro, hollywoodien revisitée.
Une nouvelle fois l’artiste se moque des
stéréotypes. Elle témoigne d’une absence d’inhibition, de peur, de préjugés et
demande à ceux qui regardent le même abandon. Elle joue d’un certain baroque et
d’une forme de maniérisme. Natacha Lesueur cultive une nouvelle fois les
détails précis mais volontairement démesurés (chevelures choucroutes démesurées
par exemple). Elle maintient une distance critique avec les effets de réalité. Le voile (pas forcément
le "velate") laisse poindre un monde aussi suave que bizarre car déboîté de la réalité. Le
regardeur-voyeur est projeté dans une sorte d’univers
des limites où le réel perd ses assises solides : les chairs sont
gonflées si bien qu’un certain doute est toujours de mise au sein de formes anthropomorphiques paradoxales
et déformées que ne renieraient ni un Lynch ni un Cronenberg.
Jean Paul Gavard-Perret
Natacha Lesueur, « Exotic Tragédie »,
Galerie de la Marine, 59, quai des Etats-Unis – Nice, 28 février 2015 – 31 mai 2015.
Exposition Natacha Lesueur "Cailles blanches, grisettes et aigrettes noires", Galerie Eva Vautier, 2 rue vernier , 06000 Nice, 10 mars- 30 mai 2015
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