Les dessins de Céline
Guichard font des êtres des écorces de réalités, des effigies plus ou moins
« blessées » sur lesquelles le temps a refait un peu de son ciment. Quelques traits
suffisent à désespérer une ostentation qui n’ourdit que son doute. Ils accrochent
par morceaux un tragique de l’être. Tout cela de manière sinon pudique du moins
discrète.
Chaque être semble pris dans un interminable itinéraire mais reste
planté au sein de la page comme une écharde. Ce qui demeure par delà la fièvre tient
d’une présence mais marque aussi son défaut. La matérialité du corps se fige
pour qu’un inconnu dans chaque présence soit mis à nu. Des sortes de filigranes
masquent l’effigie qu’ils contribuent à faire sortir.Les ombres semblent arrachées au néant, elles
s’étonnent de nous trouver aussi indistinctes qu’elles. L’interrogation qui
ronge leur présence nous dénude. Et s’ils nous mettent en question c’est peut-être
qu’à l’inverse d’eux nous sommes un vide que le dehors s’empresse de remplir à
la moindre occasion. Le dessin de Céline Guichard demeure plus conséquent.
Jean-Paul Gavard-Perret
Céline Guichard, Dessins, Editions de la Salle de bains, Touen, 6 euros, 2015
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