Injonctions incluses : Théodore Mann entre recouvrement et effacement

                   

 


 

Théodore Mann avance en un double pas : sur un support non vierge (page de cahier ou de livre)  l’artiste en tarit les possibilités de lecture ou d’écriture afin de faire surgir un autre espace. Il y a à la fois scission, biffure et nouvelle forme d’injonction incluse. Sur le plan l’image fantôme s’élance collectant vide et silence.

 

Mouvements (à la Michaux), coupes, substitutions créent le plus souvent des bandes grises, elles plongent dans les mots comme dans le vide. Chaque œuvre devient une porte qui ouvre sur un grabat pluvieux ou noir. Il  montre lui aussi son vide. Reste une passerelle de formes  qui lance malgré tout des potentialités. Emerge parfois un visage sans contour, parfois quelques volutes s’animent : Bram van Velde ne les aurait pas reniées.

 

L’œuvre répond à une exigence de visibilité qui n’a rien de facile. Hors de tout souci  d’ornementation l’encre devient un souffle, une haleine expirante. L’image est ce qui s’éteint, se consume, mais vit encore : vit selon une intensité pure, un degré au-dessus de zéro que le support retient. Demeure des nuages que nuages défaisant l’horizon. Afin que surgisse le vide ou le visible en soi là où l’encre a dissout les mots dits de sens.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Théorore Mann « Les Papiers de La Liberté », (avec Bernard Schultze et Bruno Muller), Galerie Mottet, Post-war & Contemporain, 77 rue Croix d’Or, Chambéry

 

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1 commentaire

anonymouus

Théodore Mann jouit , en sus de son talent perso , d'un galeriste super top qui met les œuvres en valeur par la simplicité et l'intelligence d'une présentation élégante , raffinée et sobre .