Emi Arankuji : montrer - cacher
Avalées par l’ombre, les égéries d’Emi Anrakuji en dévalent même si avec elles elle crée un ensemble compacte, signifiante. Tout s’éteint, se retire avant que de renaître et de faire les femmes encore plus puissantes au sein même de leur fragilité. Pour autant les photos ne se laissent pas facilement saisir : les « voir » implique de percer le rempart d’ombres d’où elles jaillissent. Le voyeur se fait donc intrus plus ou moins laissé à l’écart dans un jeu réciproque entre le voile d’ombre et la nudité (promise ?).
Il s’agit d’évaluer des traces parmi la quasi abstraction des corps dont la nudité est absence mais non absence de vêtement puisque ce sont deux choses différentes. Le nu ne se contemple plus réellement : en surgit une indifférenciation entre le corps et son « instruction » théâtrale en un faux désordre d’où émane le silence de bouches sans lèvres.
Jean-Paul Gavard-Perret
Emi Anrakuji "1800 Millimètre", Miyako Yoshinaga Gallery, New-York
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