Daniel Darc brut de décoffrage

                   


 

Le premier livre « littéraire » de Littérature Mineure présente deux lettres de Daniel Darc à Marie-Laure Dagoit. Il lui écrivait en 1993 : « ne fais jamais rien sans moi ». L’éditrice a donc bien connu l’artiste : « Je suis le roi du Rock : c'est ce que disait DD quand il était bourré et se trouvait minable. C'était son cynisme » écrit-elle. L’artiste se voulait un roseau penchant ou plutôt titubant car arrosé de Chablis. Mais l’ivresse sainte lui permit de comprendre combien nous sommes tous  -  volontaires ou non - du côté de la bêtise puisque nous la jugeons toujours à l’aune de notre propre (in)suffisance. C’est notre seule lumière et elle n’est pas toujours un éclairage… 

 

Existe dans ces lettres la pulsion du verbe où lorsque  tout est dit,  tout reste à dire. Les lettres deviennent des douleurs, des lentes défaites où la voix s’enlise dans le grave sans perdre de l’ironie en  un relevé de la conscience en infimes parcelles, et de manière réactive.
Surgissent des inquiétudes, une angoisse sans cesse raillée et repoussée dans une tactique de repli et de contre-attaque. Darc rappela combien et comme des bêtes nous poursuivons une proie imaginaire. Par l'effet de bande de la littérature épistolaire l’écriture n'aura jamais autant été un acte étrangement humain.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Daniel Darc, « Deux Lettres inédites », Littérature Mineure, Rouen, 2016

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