Les portraits d’Annabel
Aoun Blanco ne peuvent prétendre qu’au réconfort d'une vision blanche et polie
à mesure que l’apparition se défait et que le « blank » de l’anglais
recouvre tout de son fluide en créant une "liquidation". L'Imaginaire ôte,
retranche plus qu’il ne fait jaillir. Il devient le chemin obligé qui suggère
le chaos où l'être dépouillé progressivement de ses repères tangibles finit par
sombrer. Un nouveau tragique - fait surface ou plutôt tangue sur cette sorte de
magma.
Cettefulguration par le vide rejoint et pousse un peu plus loin ce que
Roland Barthes pense de l'image lorsqu'il insiste sur la "crédibilité de
son vide" ( in "Le message photographique" in revue
Communications, n°1, 1962). Annabel
Aoun Blanco rejoint une des essences
majeures des images. Car les images passent. Avant même qu'elles ne paraissent
leur mort prochaine les travaille du dedans. Et ce fut une belle idée de Sartre
- dans « L'imaginaire »
- que de poser le "non-être"
des images.
Appartenant de facto à
un espace incertain"les images se recouvrent, se superposent, même
si, par l'accès aux sens, elles donnent voie à une signification, souvent
piégée qu'il convient de désamorcer. Ici l’image finit et se dissipe, parce qu'elle est elle-même le moyen d'en finir ou
d'accéder à la finitude. Preuve que voir
mieux passe par un montrer moins.
Jean-Paul
Gavard-Perret
Annabel Aoun Blanco, « Desvoilés », Galerie Elizabeth Couturier, 10 septembre -9 octobre 2016.
1 commentaire
White is white . Bravo miss Blanco et JPGP " Desvoilés " à souhait !