Anna
Bambou par ses portraits métamorphose sa propre expérience existentielle. Elle
la scénarise avec une poésie qui défie
les lois de la réalité – même si celle-ci pointe toujours son nez. Le travail
est en subtilité pudique. La jubilation demeure
plus ou moins secrète là où se découvrent la puissance du féminin et sa
spécificité.Chaque portrait entraîne la
pensée dans l'inconnu(e) qui devient sœur du rêve. L’immobilité saisie est la
résultante de tous les dépôts de vagues successives. Elles créent une
suspension, un point d'équilibre.
L'œuvre
est donc l'aboutissement d'un lent travail d'approches et de révisions. Celui
d'un œil et d'une main en mue perpétuelle et obsessionnelle. Il s'agit de
dégager des constantes, de laisser des traces visibles et invisibles. Le corps
s'ouvre et se referme. D'autres paupières se soulèvent dans la mémoire. La
femme s'expose comme énigme. Une pulsation sourd du plus profond mangé d'ombres
que l’artiste multiplie à l’aide d’éléments épars ou d’effets de surface. Anna
Bambou éclaire et brouille le corps afin que sensation et émotion se rejoignent.
Jean-Paul Gavard-Perret
Anna Bambou : 16ème édition des
Rencontres de la photo de Chabeuil du 10 au 18 septembre 2016.
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