Les sanglots ardents d’Anne Laure H-Blanc

                   

 


 

 

Anne Laure H-Blanc ne cesse d’explorer les lisières du monde. Elle y glisse, ose « écrire » avec l’œil.  Elle sait parfois effacer le temps ou le retenir lorsqu’il s’emballe à la vitesse de la lumière. Existe une magie suprême par réinterprétation des formes. Le regard s’y rassemble et perçoit des ongles de buée, la face cachée mais lumineuse d’avalanches ou d’Ascensions incarnées. Tout devient braises renaissantes, allées pulsées, libertés impulsives.

 

L’artiste sait comprendre sans s’emparer, traduire sans réduire. Mettre à nu sans déflorer. Dès lors s'engage un processus unique de création. Renaît la  lutte entre les corps et le Corps, le monde et les mondes, entre l'Esprit et les esprits, dans un désir de réconciliation.


L’artiste plonge dans des univers fluides, des féries glacées, brumeuses entre le froid et un certain brûlant en une forme de minimalisme actif : une ligne suffit à l’horizon, autour des effets de gaze. Le paysage devient étrange, énigmatique à l’aide de l’encre ou du lavis : la matière « glisse » sur le support avant que l’artiste ne les redresse par grattage, frottage, effacement jusqu’à créer une nouvelle histoire du paysage.

 

Par sa nudité une forme de sacré s'exprime. Il surgit comme une image au-delà de l'image, une image cherchant le sens de la Présence.  Un rien « dénaturalisé » l’apparence apprend à se méfier de sa propre séduction. Le « réalisme » ou plutôt la figuration rapproche inconsciemment d’un souffle de l’origine dont on ne saura jamais rien sinon ce qu’Anne Laure H-Blanc en suggère dans l’épreuve du temps et du silence de vallées, étangs, montagnes fantasmatiques.


L’universel et l’intime échappent au corps et au paysage en des « sanglots ardents » dont parlait Baudelaire. L’artiste réussit une sidération. Il en va  du désir de l'œuvre que le désir du monde ouvre en sa nudité presque offerte et où le paysage  ressuscite une nouvelle mémoire. 

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Anne Laure H-Blanc, Galerie du Tournant, Saint Alban de Montbel, du 24 Septembre au 16 octobre 2016.

 

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