Impair et passe : Emelyne Duval


 

 

Il est souvent dit que l'humour sert à l'homme pour séduire les femmes. C’est vieux comme nos grands-mères qui répétaient : "Femme qui rit, à moitié dans ton lit". Mais Emelyne Duval renverse la proposition. Et il se peut bien que le mâle préfère aussi celle qui fait l’humour. En cela l’artiste est l’héritière des femmes Dada et surréalistes.

Plutôt que d’épousseter les meubles elle caresse la chimère. Ou inquiète. Un sentiment d’étrangeté s’empare du voyeur. D’un côté il est séduit par le portait totémique que l’artiste propose de son attribut. Mais c’est pour mieux le tourner en ridicule. Emelyne Duval s’en empare et sous prétexte de la magnifier elle le sacrifie : la merveille n’est que leurre.

 

Toute l’œuvre devient un petit traité de sagesse aux images dilatées et elliptiques qui troublent le regard de manière crue mais jamais "sexhibitionniste". Le sexe est obvié par délire visuel qui se garde finement autant de trancher que de caresser.
Surgit la promesse d'un autre horizon, d'une autre aventure à la fois graphique mais aussi existentielle. Les images engendrent des ouvertures  et offrent un temps pour la réflexion. C'est pourquoi l’image ne se vide jamais de sa substance et permet de ranimer une présence. Déterrant des fantômes Emelyne Duval montre  combien ils nous dirigent mais il s’agit de s’en dégager.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Emelyne Duval, « Coffret », Littérature Mineure, Rouen, 25 E., 2016.



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