Noirs sœurs d’Aurélie William Levaux
Chaque femme d’Aurélie William Levaux en naissant sur la page propose une charge drôle et impertinente. Peu besoin le plus souvent de couples ou d’attelages
: néanmoins lorsqu’ils sont là ils mettent le paquet… Chaque portrait
fait souche dans l’air, cul par dessus tête ou pieds en l’air. Le corps
isolé dans l’espace est un marteau sans maître : sa maîtresse suffit.
D’autant que souvent ce corps lui appartient.
La
drôlerie fait éclater le compact, foudroie avec légèreté. Chaque
dessin est adossé au silence coupé par de brefs commentaires aussi
drôles que ce qu’ils soulignent. Bref ce que la
vulve des mots ouvre, la flèche du graphisme la pénètre. Pas de Barnum :
juste le petit cirque des jeux d’étoiles d’araignées en pièces
détachées d’elles-mêmes.
La
pratique du dessin devient un exercice d’intelligence et de facétie en
ce qui tient d’un journal intime : il rend caduque toutes les
autofictions littéraires. Ici se croisent deux langages : celui de la
poétesse et celui de la dessinatrice. Le regardeur-lecteur en reçoit la
joie sans cause et la détresse sans raisons.
Jean-Paul Gavard-Perret
Aurélie William Levaux, « La poutre de mon œil », Editions Le Monte en l’air, 2016
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