Grand large pour le Belem

Comme en raconte souvent la mer, c’est une histoire de vagues, de voiles, de nuages et de vent du large qui vogue dans ces pages. Elle relate plus d’un siècle d’aventures maritimes qui ont fait naviguer le Belem de Nantes à Brest, à Boulogne, à Cannes en passant par Venise, l’île de Wight et Montevideo, en sillonnant à la vitesse de 12 nœuds les eaux de l’Atlantique et de la Méditerranée. Une longue histoire qui a vu le bâtiment devenir bateau de commerce, yacht, navire-école. L’histoire vraie d’une épopée assez rare pour un voilier qui avait pour lui une « belle silhouette », selon les mots du capitaine au long cours Louis Lacroix. Le Belem a transporté du cacao, du rhum, de la canne à sucre. Et 35 000 stagiaires en trente ans.

 

Il porte le nom d’un port du Brésil. En 1902, il est à Saint Pierre de la Martinique et échappe aux ravages de l’éruption de la montagne Pelée. Il est un temps amarré pratiquement aux pieds de la tour Eiffel. Il représente la France à Londres lors des Jeux olympiques. Il accède au rang de monument historique en 1984. Il a été et reste toujours l’objet de soins vigilants d’amateurs amoureux et de professionnels compétents. Des films, des émissions, des reportages ont célébré cette « carrière » exceptionnelle pour un bateau.

 

Peintres et écrivains de la marine se rencontrent pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire de ce qu’il faut bien appeler un trois mats de légende. De nombreux voiliers pourraient l’envier. Ici ce sont les mots et les tableaux qui fixent les escales de cette traversée. « L’image et le texte ne-renvoient-ils pas au même récit ?» lit-on dans le prologue intitulé Avant d’embarquer. Un récit que rendent vivant la peinture à l’égal de l’écriture.

 

La lecture prend alors l’allure d’une odyssée qui présente tour à tour ce vaisseau amiral de l’élégance et de la force, à l’ancre au calme de la rade à Marseille, au large d’Ouessant, sous le ciel gris de la Zeeland, par gros temps sur l’océan, à l’embouchure de l’Adour, devant la statue de la Liberté, en bordure des glaces polaires. On monte à bord, on est sur le pont, on cargue les voiles, on entre dans le petit roof. Il y a un bosco, des gabiers, un pilote, le chef mécanicien, le commandant, les matelots. Une bonne vingtaine de peintres et une petite dizaine d’écrivains de Marine expriment leurs talents et leurs regards par des souvenirs, des anecdotes, des vues, des scènes quotidiennes partagées avec l’équipage. Un départ pour un voyage, comme l’ont fait des milliers de visiteurs. Sa devise est un coup de sirène : Favet Neptunus eunti (Neptune favorise ceux qui partent). Cet ouvrage montre bien que « les bateaux ne partent pas que des ports ; ils s’en vont poussés par un rêve* ».   

 

*    Erik Orsenna

 

 Dominique Vergnon

 

Hommage au Belem par les peintres officiels de la Marine et les écrivains de Marine, Gallimard, 192 pages, 95 illustrations, 23 x 28,5 cm, octobre 2016, 30 euros.

 

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