Chloé Bourguignon : éloge de la simplicité

 

 

Bien plus qu’illustratrice Chloé Bourguignon raconte des histoires simples et complexes car secrètes. Leurs personnages sont croqués avec beaucoup de douceur comme si le dessin devenait un apaisement pour éloigner de tout tapage. L’émotion est là où le secret fascine mais ne tue pas. En s’inspirant d’images et de souvenirs plus ou moins anciens et excitants la créatrice évoque des complicités tacites ou appuyées entre amis ou amants présents ou en off. Parfois en effet d’un des personnages du couple ne demeure que son ombre. Elle « pèse » en noir sur le dessin  et représente parfois celle autant celle d’un(e) « photographe » que d’une personne moins anonyme en emprise sur la silhouette « à l’écran ».

L’artiste aime contempler le monde et plus particulièrement les gens. Parfois les mâles sont remplacés par des renards. Il s’agit pour elle d’une incarnation étrange et particulière. Elle devient un symbole jailli d’une pulsion, d’une envie de faire. Si la vie moderne n’est jamais loin - même lorsque Chloé Bourguignon s’inspire de vieilles images - le réel reste néanmoins flottant, vaporisant. L’éloquence se contente d’une rhétorique minimaliste dans sa figuration. Elle épargne le jargon visuel fait de surcharges et exprime plus la lassitude des êtres que leur exaspération. Tout demeure taiseux là où les sujets sont saisis sur le vif. Tout demeure en suspension et sans un onirisme à la Balthus même si des jeunes filles et des chats hantent les dessins.


Jean-Paul Gavard-Perret


"Woodcloepromis", Litterature Mineure, Rouen, 2016, 35 E, "Box Chloé Bourguigon", Idem, 25 E.


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