Emportée par la foule - Catherine Mainguy

                   


Visages que visages. Confrontés à ce qui les perturbe. L’espace est devenu quelconque. Femmes et hommes sont anonymes. La ville est encore là. Mais en « off ». Elle disparaît comme s’efface le portrait. Ou tout au moins se desserre de son  étreinte pour n’en garder que la mélodie. Celle d’une attente sans but dans la ponctuation du manque. Le visage s’écarte de lui-même en devenant poème de l’indicible. Chant d’espace, scission.

 

Catherine Mainguy crée une vision qui échappe au vieux style. Chaque portrait devient  pur et simple. Complexe aussi.  Par effacement et prolifération de ce qui le recouvre partiellement. Des éléments perturbateurs s’ajoutent sans cesse pour connecter d’insondables vides et  rompre la surface. Criblée elle se transforme en « moindre meilleur pire qui jamais au néant ne peut être ramené » (Beckett) car  l’artiste rapproche néanmoins le portrait de la vie, de la présence. Afin que surgisse un autre visible en soi - le silence ou l’audible.

 

Le tout par adjonction d’une  animalité en rien bestiale. Sa présence douce et par voie locale crée un autre type de dépendance là où l’existence semble fantomatique. Dès lors l'obturation de l’apparence crée de nouvelles potentialités. En ce type de recomposition à deux motifs, l’être n’est pas seul. Mais il n’est pas plus avec celui ou celle qu’il attendait.


Jean-Paul Gavard-Perret

 

Catherine Mainguy ;  "Habillage de patience, Déshabillage de désir". Galerie C. Mainguy, Lyon 1er, montée de la Grande Côte,  ouverte jusqu'au samedi 24 décembre inclus.

 

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.